|
|
VERNON and GIVERNY, PASSIONATELY - VERNON und GIVERNY MIT BEGEISTERUNG
|
Voici un titre certainement inattendu que d'aucuns pourraient juger trompeur. Quoi ? Une recherche spatiale à Vernon ? Un des centres français et européens de l'industrie spatiale, ce doit être une plaisanterie ! Eh bien non, et nous allons vous le montrer... L'histoire commence dès la fin de la seconde guerre
mondiale. En mai 1945, le gouvernement français décide de doter la France
des technologies spatiales que les Allemands venaient de développer, en
particulier celles des V-2. Or, il se trouve que Vernon dispose d'un vaste
terrain militaire inoccupé à l'époque, situé sur le plateau au-dessus de
la ville et à l'écart de celle-ci. Premières recherches Dès août 1946, le LRBA commença le développement d'une série de missiles à moyenne portée en partant des V-2 et A9 allemands. Ce devait être le 'Super V-2' d'une portée de 3.600 km avec une charge utile de 1.000 kg. Mais dès 1948, les problèmes liés à la première phase étaient si importants que le projet fut rapidement abandonné. Toutefois, Super V-2 avait préparé le terrain et rendu possible le passage à un nouveau projet. Véronique La Direction des études et Fabrication d'Armement
décida de construire une fusée-sonde pour
étudier C'est le projet 4213 rebaptisé Véronique. Dans ce cas, " Véronique " n'est pas un prénom mais la contraction de VERnon-électrONIQUE. A ses débuts, cette dernière est alimentée en acide nitrique et essence de térébenthine par un générateur de gaz à poudre; son moteur développe 4 tonnes de poussée et il propulse la fusée à 70 km d'altitude avec une charge scientifique de 65 kg.
De nombreux lancements ont lieu - avec beaucoup d'échecs au début !- dans divers sites (Suippes, dans la Marne, Cardonnet, dans l'Hérault, Hammaguir dans le Sahara, puis Kourou à partir de 1968). et la dernière campagne de tirs s'est terminée en 1975. A titre d'exemple, un total de 22 Véroniques modèle 1961 ont été lancées d'Hammaguir et de Kourou entre 1964 et 1975, avec un taux de succès de 90 %. Un des premiers tirs, celui du 6 avril 1951, a même été effectué à Vernon même… Vers 1955, tout en poursuivant les travaux sur Véronique, le LRBA étudie une " super Véronique " : ce sera Vesta, capable d'envoyer 500kg à 400km d'altitude. Il ne faudrait pas croire que Vernon a été le seul centre de recherche française en matière de fusées. Toutefois, le site de Vernon a été souvent choisi pour tester les moteurs développés par d'autres constructeurs installés ailleurs en France. Ainsi en est-il pour la fusée Eole (EA 1946), dont l'un des essais, en Janvier 1950 tourne mal : les anciens vernonnais se souviennent encore de la violente explosion qui a fait trois morts, accompagnée d'une lueur si intense qu'elle fut visible à quarante kilomètres de là. A l'époque la rumeur courut même de l'explosion d'une bombe atomique là-haut sur le plateau ! Eole EA 1946 De Véronique à Ariane C'est le général de Gaulle qui fait prendre le grand
virage en décidant de développer la recherche de missiles capables d'armer
la force de frappe nucléaire française. En même temps, les gouvernements européens décident de construire un lanceur européen. Comme la France connaît le succès avec la fusée Diamant, elle devient le chef de file. Ces décisions entraînent des changements importants
dans l'établissement de Vernon : les activités militaires et industrielles
du LRBA sont séparées. Le Laboratoire se recentre sur des activités
militaires, tandis qu'un établissement industriel privé est créé, la
Société Européenne de Propulsion (SEP) chargé de développer les nouveaux
propulseurs du lanceur Ariane.
Le Laboratoire de Recherches Balistiques et Aérodynamiques, pour sa part, a désormais quatre domaines d'activité : systèmes de missiles stratégiques, systèmes de missiles tactiques, systèmes de navigation et systèmes de préparation de missions, tâches qu'il continue à accomplir sur le " plateau de Vernon " Ariane Le premier vol (LO1), vol de qualification, eut lieu le 24 décembre 1979 et fut un succès. et le premier vol commercial en septembre 1982. En passant à une échelle bien supérieure à celles des engins précédents, le lanceur Ariane - ou plutôt ses versions successives - semble être de moins en moins un produit du site de Vernon. S'il est vrai que les divers éléments de cette fusée européenne sont fabriqués dans de nombreux sites et pays, il n'en reste pas moins que les moteurs principaux sont conçus, fabriqués et testés sur les 116 hectares du site de Vernon où travaillent environ 1.200 personnes. Le 100ème lancement d'Ariane, le 29 octobre 2000 En 1973, la France est le seul pays, en dehors des
USA, à avoir fait fonctionner un moteur cryogénique à hydrogène et oxygène
liquide. Dans le cadre du programme Ariane, trois bancs d'essais sont
construits à Vernon sur une zone qui va être réservée aux essais
cryotechniques. L'ensemble coûte 87 millions de francs (environ 13
millions d'euros). Photo : SNECMA
Mais il fallait voir plus loin encore et passer au moteur Vulcain de l'étage principal d'Ariane 5 et au HM7B pour l'étage supérieur. Ces moteurs, dits cryotechniques, utilisent de l'hydrogène et de l'oxygène liquides et, bien entendu, tous les mises ou point ont été réalisées sur les bancs d'essais de Vernon. Vulcain 2, entré en production en mars
2005 En 2009, ces moteurs céderont la place au Vinci qui est actuellement en développement. C'est un moteur qui aura la possibilité de s'allumer et de s'éteindre quatre fois pour mettre plusieurs satellites sur des orbites différentes. Et peut-être servira-t-il un jour à se rallumer pour un alunissage en douceur ? Avez-vous remarqué son nom ? Vinci. Comme tous les moteurs depuis le temps lointain de la fusée Véronique, son nom commence par un V, comme Vernon,petit clin d'œil à la ville où il est construit. Visites : pour des raisons de sécurité, le site SAFRAN de Vernon n'est pas ouvert aux visiteurs sauf en de très exceptionnelles occasions. Quant au LRBA, ses activités sont classées Secret-Défense…
|