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Le
Portugal, ce pays de la poésie, du courage et de la plus douce humanité;
gens de mer, non des guerriers, des amoureux aussi; ils ont découvert
le globe, premiers partout, ramenant dans les caravelles des trésors
exotiques. Après le luxe, payé avec les diamants du Brésil,
ils sont pauvres; et puis les invasions de tous côtés, la
rapine des nations proches ou lointaines, la cruauté des religions,
les épidémies, les tremblements de terre, les reines maladives,
les rois un peu fous, la misère; et cela fait le Portugal d'aujourd'hui,
peuple des chants tristes et des yeux noirs, qui ne demande à la
mer que ses poissons et l'algue, engrais de ses champs, les paysans bien
agrippés au maigre sol; peuple qui a toujours aimé les ornements,
les arbres obstinément replantés, les objets lourds de belle
matière, les petites maisons couleur de primevère, le sourire
quand il n'est pas la gaieté mais efface le tragique à peine
accepté dans la plainte d'un fado.
Jacques Chardonne
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Septembre
en Portugal, c’est la saison où la chaleur se fait plus raisonnable,
où le flot de touristes commence à se retirer, où
la nature prend distance de sa flamboyance de l’été, sans
toutefois se mettre à craindre l’hiver, où l’on prépare
les vendanges et l’on se dit que bientôt on saura si le vin de l’année
tiendra ses promesses.
Curieux
pays que ce Portugal, adossé à son unique et puissant voisin,
tourné vers l’océan, bien tranquille tout à un bout
de l’Europe où l’on pourrait penser qu’il ne se passe rien, tellement
ce qui se passe à l’autre bout retient depuis quelque temps l’attention.
Sa position excentrée, son éloignement, sa discrétion
sur la scène politique, sa modeste importance économique
en font un méconnu malgré la foule de ses citoyens essaimés
un peu partout, alors que sa beauté, son histoire, sa culture, son
savoir-faire ont de quoi se comparer sans faiblesse à ceux de ses
partenaires.
La
géographie nous suggère que le Portugal est bien à
l’écart du monde méditerranéen, alors pourquoi, sur
place, sent-on cette influence méditerranéenne, dans l’architecture,
l’habitat, les gens, la langue ? C’est que, pendant des siècles,
le Portugal a été terre d’invasions, venues quelquefois par
l’Espagne et le plus souvent par la mer. Cela commence par les Phéniciens,
les Carthaginois et les Grecs au cours des dix derniers siècles
avant Jésus-Christ, continue avec une occ upation
romaine de cinq siècles, suivie d’invasions de Vandales et de Wisigoths
au 5e siècle de notre ère, puis de l’arrivée d’Arabes
au 8e puis au 12e siècles. En 1580, les Espagnols s’emparent du
pays pour le reperdre 60 ans plus tard ; la même mésaventure
arrivera à Napoléon, en beaucoup plus court : trois ans seulement
(1808-1811). Si de toutes ces invasions, il ne reste que peu de traces
sur le terrain, elles ont eu une profonde influence sur les hommes : la
langue portugaise est réputée la plus proche du latin tel
que le parlait l’occupant romain, bien que colorée d’emprunts à
l’arabe, et le peuple portugais est le résultat d’un profond brassage
de populations européennes et africaines, source de son tempérament
à la fois accueillant et indépendant.
Le
pays est petit (une vingtaine de départements français),
avec une population à l’avenant (environ 10 millions d’habitants).
Après quelques siècles de splendeur, où il se partagea
bien des richesses du monde avec l’Espagne, vinrent des temps plus durs
puis cinquante années de dictature qui laissèrent une économie
anémique et une population diminuée par une forte émigration.
En 1986 vint l’Europe et ses aides communautaires : les investissements
reprirent, de nombreux émigrés rentrèrent ; un pays
pauvre, sans grandes ressources naturelles, est en train de se hisser au
niveau de ses grands voisins européens.
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